La E45 et ses histoires, par Nick Harris

L'ancien commentateur du MotoGP™ évoque avec tendresse la région de Misano, qui accueillera ce week-end la 12e manche du Championnat

Le trajet entre l'aéroport de Bologne et le circuit de Misano est un véritable tapis volant au cœur du MotoGP™. Chaque panneau de signalisation, chaque ville et chaque village sur les 120 km de route frénétique de l'autostrade E45 a une anecdote à raconter. L'histoire des Grands Prix sur deux et même quatre roues défile sous vos yeux comme sur un écran de cinéma géant. Des lieux de naissance des coureurs, circuits et QG d'équipes apparaissent presque à chaque carrefour, tournant une page du livre d'histoire.

On commence par Bologne, où se trouve le QG de l'usine Ducati, qui domine les débats cette année. On peut y voir immédiatement des panneaux indiquant Modène, peut-être plus connue comme la ville du chanteur d'opéra Luciano Pavarotti mais aussi comme celle du Champion du Monde 125cc et 250cc Luca Cadalora. Celui-ci recevait un télégramme de félicitations de la part de la légende de la Formule 1 Enzo Ferrari après chacune de ses 34 victoires en Grand Prix. Ils ont également couru sur l'ancien aérodrome de Modène et je me souviens avoir vu les rivaux Giacomo Agostini et Phil Read s'y affronter sur une paire de Suzuki en 1976.

Continuez à rouler vers le sud et vous verrez les panneaux indiquant la petite ville de Castel San Pietro, lieu de naissance de Loris Capirossi, triple Champion du Monde aux 29 victoires en Grand Prix dans les trois catégories, dont la première en MotoGP™ pour Ducati à Barcelone en 2003. Non loin de là se trouve le légendaire circuit d'Imola, qui a accueilli régulièrement des Grands Prix et qui reçoit encore aujourd'hui le Championnat du Monde Superbike et la Formule 1.

La prochaine étape de cette route historique est la ville de Forli, où vit Andrea Dovizioso, trois fois vice-Champion dans les années MotoGP™ dominées par Marc Márquez et Champion du Monde 125cc. Depuis Forli, vous pouvez rouler dans les collines sur les routes secondaires pittoresques mais effrayantes de l'intérieur des terres jusqu'au circuit du Mugello. Continuez sur la E45 en passant par les imposantes collines de Saint-Marin. Là-bas, on a vu le drapeau de la Principauté hissé et l'hymne national joué à 16 reprises après les victoires du Champion du Monde Manuel Poggiali et d'Alex de Angelis. Les choses sérieuses commencent ensuite lorsque vous atteignez la côte à Rimini, Riccione et Misano. Il semble que presque toutes les personnes que vous rencontrez sur la plage ou la promenade ont piloté une moto ou ont un lien avec la course. C'est le pays de Valentino Rossi, qui a grandi aux côtés de Marco Simoncelli, Pier Francesco Chili, Loris Reggiani et tant d'autres. Son ranch de Tavullia produit aujourd'hui les nouveaux talents de la côte adriatique, dont le Champion du Monde Pecco Bagnaia, Marco Bezzecchi et Luca Marini.

Bien avant que Vale ne rafle neuf titres mondiaux, la côte adriatique était déjà imprégnée de la tradition des courses de motos. Avant la construction du circuit de Misano en 1972, ils fermaient le front de mer à Rimini et Riccione pour y organiser des événements. En 1971, l'étoile montante italienne Angelo Bergamonti avait déjà remporté les Grands Prix d'Espagne 350cc et 500cc pour MV Agusta. Il se tua à Riccione en chutant sous la pluie à un rond-point du front de mer alors qu'il pourchasse son coéquipier Agostini. Comme tant d'autres, le tracé de Misano a été construit pour remplacer un ancien circuit routier. Il a accueilli son premier Grand Prix en 1982 mais en 1993, la tragédie a de nouveau frappé. En effet, le Champion du Monde Wayne Rainey termine paralysé dans un accident alors qu'il est en tête de la course 500cc. Le Grand Prix ne fera son retour que 15 ans plus tard, avec un circuit en sens inverse, et n'a jamais cessé d'exister depuis. Le tracé a été rebaptisé en l'honneur du Champion du Monde Marco Simoncelli, qui a perdu la vie en Malaisie il y a 12 ans. Le QG de son équipe Gresini se trouve juste en bas de la route du circuit. Il y a tant de choses à se rappeler à Misano. Aprilia, qui a célébré son doublé en MotoGP™ à Barcelone cette semaine, y a remporté son premier Grand Prix en 1987 avec Loris Reggiani dans la course 250cc.

Qui a besoin d'un livre d'histoire ? Il suffit de prendre la E45 et de rouler, mais attention, il y a du monde.

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